Avec un peu de retard, nous joignons à ce point l’allocution de l’ASDHOM lors de sa soirée de solidarité du 21 novembre dernier ainsi que quelques photos et vidéos. Dans cette allocution, l’ASDHOM est revenue sur le bilan de deux années de sa campagne de parrainage tout en consacrant une grande partie au Forum Mondial des Droits de l’Homme (FMDH) que le Maroc devait accueillir du 27 au 30 novembre 2014 à Marrakech. L’occasion pour l’ASDHOM d’expliquer pourquoi elle avait décidé de ne pas aller donner quitus en se rendant à ce forum.
Cette rencontre, tenue en présence de l’écrivain Gilles Perrault, parrain de notre campagne de parrainage, a été organisée dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale (SSI) en partenariat avec la Mairie de Nanterre. Dans son message adressé à l’occasion, le Maire-adjoint, Hassan Hmani, a dit sa « solidarité avec les prisonniers politiques, qui se retrouvent enfermés de manière arbitraire, pour n’avoir d’autres torts que de réclamer le respect de droits politiques ou civiques, et de revendiquer une liberté d’expression élémentaire. » Et le Maire-adjoint d’ajouter que « la situation du Maroc, (le) touche personnellement et directement et que toute la municipalité de Nanterre est aussi particulièrement préoccupée par la situation alarmante des prisonniers politiques et d’opinion dans ce pays. »
Profitant de sa présence, l’ASDHOM a tenu à rendre hommage à Gilles Perrault en lui remettant un tableau symbolique comportant le titre honorifique de « Citoyen d’honneur du Maroc ». Titre que l’ASDHOM lui avait décerné en 2010 en compagnie d’autres démocrates français pour leurs actions en faveur des libertés démocratiques au Maroc. Dans son mot de remerciement, Gilles Perrault a réitéré son engagement auprès des défenseurs des droits de l’Homme au Maroc et a rappelé que « parrainer un ou une prisonnière politique représente un geste de solidarité élémentaire auquel nul ne doit se dérober. C’est briser la solitude que peut ressentir celui ou celle qu’on parraine. C’est réconforter les familles. C’est aussi et surtout démontrer au pouvoir que ses victimes ne sont pas à sa merci, ignorées du monde extérieur, livrées à sa vindicte. »
Comme on l’avait annoncé avant cette rencontre, l’ASDHOM a lancé lors de cette soirée de solidarité une campagne de cartes postales dans le cadre de celle de parrainages commencée en 2012. L’une est à adresser directement aux détenu-e-s d’opinion pour leur dire notre soutien, l’autre à adresser au Ministère de la Justice et des Libertés au Maroc pour interpeller à travers lui l’Etat marocain sur la situation faite à ces victimes de la détention politique.
Cette campagne de cartes postales est soutenue par Amnesty International, le MRAP et l’ACAT. Si cette dernière a dit, dans son message pour excuser son absence, qu’elle « soutient totalement le parrainage lancé par l’ASDHOM et que nous espérons qu’à travers ce soutien au prisonniers victimes de torture et / ou de détention arbitraire, nous parviendrons à briser leur isolement et à amener le Maroc et la communauté internationale à prendre conscience du fait que de telles violations des droits de l’Homme ne peuvent rester impunies et ne devraient être tolérées dans un pays qui se targue dans les fora de l’ONU d’être à la pointe de la lutte contre la torture. », Amnesty International et le MRAP ont pris la parole pour expliquer le sens de leur engagement en faveur du combat pour le respect des droits de l’Homme au Maroc. Les représentantes d’Amnesty International (local et France) ont fait état des échanges et surtout des dernières tracasseries et interdictions que le Maroc a opposées à leur organisation. Rappelons que depuis qu’Amnesty International a décidé de travailler sur le dossier de la pratique de la torture en l’incluant parmi les cinq pays pris comme cas d’étude, le Maroc lui a interdit la tenue de son camp pour jeunes l’été dernier et il lui a refusé également la visite de sa mission au Maroc.
Après ces trois organisations, nous avons donné lecture du message de l’Eurodéputée du groupe de la Gauche Unitaire Européenne, Marie-Christine Vergiat, qui a tenu à nous faire savoir qu’elle « fait partie de ceux et celles pour qui l’évolution des droits de l’Homme au Maroc suscite doutes, interrogations et même inquiétudes. Le nombre d’acteurs « politiques » au sens large du terme (étudiants, militants du mouvement du 20-Février, société civile, artistes et journalistes) qui connaissent des difficultés sur le plan administratif mais aussi judiciaire pour ne pas dire répressif au Maroc est là pour en témoigner. » Elle a ensuite évoqué trois cas qui lui paraissent emblématiques de cette situation et pour lesquels elle souhaite tout particulièrement s’engager : Wafa Charaf de Tanger,Amina Mourad de Ouarzazate et son compagnon de lutte Bennacer Ismaini, ainsi que le jeune boxeurZakaria Moumni qui vient de déposer une nouvelle plainte contre X dans son affaire qui l’oppose au patron de la DGST, Abdellatif Hammouchi.
Avant de clore la soirée, l’ASDHOM a donné la parole à un jeune ancien prisonnier politique sahraoui, venu de Smara, pour témoigner sur les conditions de détention des prisonniers politiques sahraouis en général. Une jeune citoyenne marocaine, vivant en France, a pris également la parole pour parler du calvaire de son frère depuis qu’il a été arrêté à Tanger lors de ses dernières vacances, en compagnie de ses amis. Comme d’autres Franco-marocains, en prison au Maroc, il a subi différentes sortes de torture et d’humiliation lors des interrogatoires avant que la police marocaine ne reconnaisse son erreur d’identification. Et au lieu de le libérer, la justice marocaine lui a trouvé d’autres motifs, montés de toutes pièces, pour le garder en prison.
Comme vous l’avez constaté, ce point a été consacré à la dernière soirée de solidarité de l’ASDHOM avec les prisonniers politiques et d’opinion au Maroc. Nous reviendrons sur la campagne de parrainage proprement dit lors du prochain point pour faire une mise à jour des listes et informer les parrains et les marraines des dernières nouvelles concernant leurs filleuls.
Nous profitons de ce point pour dire, et toujours dans le cadre de son action en faveur des victimes de la détention politique au Maroc, que l’ASDHOM organise avec d’autres organisations au sein du collectif international pour la libération de Wafa Charaf, une table ronde à la Mairie de Saint Denis (93) sur la situation des droits de l’Homme au Maroc, à la lumière du FMDH de Marrakech. La première partie sera consacrée à la jeune militante Wafa Charaf, arrêtée et condamnée à deux ans de prison ferme à Tanger. La parole sera donnée à son avocat et à ses parrains et marraines. Voir pièces jointes.
Nous vous joignons enfin la vidéo de l’intervention de Gilles Perrault lors de la soirée du 21 novembre à Nanterre.