CherEs amiEs,
Je souhaite, au nom de l’Association Marocaine des Droits Humains-Paris/IDF, remercier tout d’abord toutes celle et tous ceux qui ont répondu présents à cet appel aujourd’hui pour soutenir les habitants du nord du Maroc (mais ailleurs aussi dans le pays) et protester contre les pratiques frauduleuses d’Amendis, filiale de Véolia. J’aimerais remercier aussi toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisé-e-s pour cette cause juste, individus, associations, syndicats et partis politiques.
CherEs amiEs,
Depuis plusieurs semaines des milliers de Marocains sont sorti-e-s dans les rues du nord du Maroc pour protester contre la cherté des factures d’électricité tout en rappelant avec force l’un des slogans du mouvement du 20 février « Amendis dégage ».
Nous avons, à l’AMDH-Paris/IDF, pu consulter plusieurs factures d’électricité. Certaines présentent des sommes exorbitantes à payer. Surtout que des personnes (que nous avons pu consulter) qui habitent en France et ne rentrent au Maroc que pendant les vacances, ont reçu des factures très importantes pour des périodes où leurs maisons/appartements étaient vides. Il y a des milliers de cas incompréhensibles de ce genre.
Nous sommes aujourd’hui ici, devant le siège de cette multinationale, pour insister et transmettre ce même slogan des habitants, « Amendis Dégage », et aussi pour dire aux autorités marocaines qu’elles sont les premières responsables de cette situation.
CherEs amiEs,
Il est du devoir de l’État de garantir les droits fondamentaux à ses citoyens et citoyennes qui leur assureraient une vie digne et respectueuse.
Le Maroc est signataire du « Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels » depuis 1979. Déjà en 2006, le comité chargé de suivi de l’application de ce pacte, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies s’inquiétait de la situation. Il disait être « préoccupé par les mauvaises conditions de logement dont souffrent notamment les personnes déplacées et les habitants de bidonvilles. Dans ce contexte, la privatisation des services publics, tels que l’eau et l’électricité, dans les centres urbains a aggravé l’état de pauvreté des plus vulnérables. ».
Même la Cour des Comptes a révélé plusieurs manquements des entreprises de gestion déléguées (Lydec, Rédal et Amendis). Or, les élus locaux, les différents ministères sont restés silencieux. Certains évoquent même les « intérêts suprêmes » du Maroc quand les citoyens demandent la réédition des comptes.
CherEs amiEs,
S’ajoute, au mépris des citoyenNEs, une répression sécuritaire et un non-respect des libertés publiques, notamment le droit à manifester pacifiquement contrairement aux engagements internationaux et à la constitution marocaine.
En conséquence, plusieurs citoyens et citoyennes sont poursuivies, arrêté-e-s et harcelé-e-s. Il n’a pas suffi à l’Etat marocain de faire subir une hausse exorbitante, mais il a fallu aussi que des citoyens soient réprimés parce qu’ils ont exigé dignement et pacifiquement leurs droits. A l’heure actuelle, plusieurs personnes sont poursuivies suite aux diverses manifestations contre Améndis/Véolia.
Nous souhaitons aujourd’hui, rappeler, à travers ce rassemblement, quelques revendications :
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«Améndis Dégage » mais juste avant 1. La réédition des comptes. 2. La définition des responsabilités. 3. L’indemnisation des victimes.
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Nous rappelons à l’État marocain ses engagements en matière de droits civils, politiques, économiques et sociaux au lieu de suivre des politiques d’appauvrissements depuis des décennies.
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Nous appelons à l’arrêt des poursuites contre les activistes à Tanger et à la libération de tous et toutes les prisonnierEs politiques et d’opinions.
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L’Etat doit prendre ses responsabilités pour garantir à tous les citoyennes et citoyens les conditions d’une vie respectueuse de la dignité de tout un chacun.
Ouadie Elhankouri
Pour l’AMDH-Paris/IDF
Le 7 novembre 2015, à Paris.
Merci au camarade Abou Farid Hassan pour la vidéo.