Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
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L’exigence de l’établissement de la vérité sur ce qui s’est réellement passé au Maroc en termes de violations graves des droits de l’Homme étaient les maitres mots du colloque, organisé le 9 avril 2014 au Parlement européen par le collectif Al-Haqiqa (AMBDH, APADM, ASDHOM, FMVJ-France, KMM). Ce colloque sur la disparition forcée et l’impunité qui prévaut au Maroc, présidé par la députée européenne Marie-Christine Vergiat du groupe GUE, a été dédié à feu Hadj Ali El-Manouzi, père du disparu Houcine El-Manouzi dont le sort n’est pas élucidé depuis son enlèvement en 1972 à Tunis et sa tentative d’évasion à Rabat en 1975.
L’ASDHOM qui s’est investie dans la préparation de ce colloque, ce qui explique le retard de ce point hebdomadaire, tient à se joindre à toutes celles et tous ceux qui, en ce moment, à Rabat comme à Casablanca,  rendent hommage à la mémoire de ce grand homme et à travers sa mémoire, à celle de toutes les victimes des violations des droits de l’Homme et à leurs familles.
Ont pris part à ce colloque deux invités venus du Maroc : Maître Abdeslam Chaouch, un ancien membre dirigeant de l’AMDH, membre du PADS et de l’association l’Observatoire de la Justice au Maroc ainsi que Abdelkrim Ouzzane du Comité de coordination des familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc (membre du Forum Marocain pour la Vérité et la Justice FMVJ) et fils du disparu Belkassem Ouzzane, enlevé en 1973 de la prison centrale de Kénitra alors qu’il venait d’être relaxé par le tribunal militaire de Rabat.
Un dossier regroupant les actes de ce colloque sera publié par le collectif Al-Haqiqa qui entend rouvrir le sujet de la vérité et de l’impunité en interrogeant les travaux et les résolutions de l’ex-IER qui était censée faire la lumière sur le passé du Maroc.
Nous revenons dans ce point sur les informations préoccupantes qui nous sont parvenues et qui concernent nos groupes de prisonniers politiques et d’opinion déjà parrainés ainsi que d’autres, nouvellement arrêtés.
 
Groupe UNEM-Agadir : Très tôt, le 1er avril 2014, le prisonnier politique militant de l’UNEM, Noureddine Abdelouahab, est trouvé mort pendu dans sa cellule à la prison locale de Ouarzazate où il purgeait une peine de 2 ans et 8 mois depuis juin 2012 suite aux protestations populaires qu’avait connues la ville de Mhamid El-Ghizlane. Ses camarades de l’UNEM, le connaissant combattant et bon vivant, ne croient pas à la thèse du suicide. L’ASDHOM qui présente ses condoléances à sa famille et à ses camarades, demande aux autorités marocaines de faire toute la lumière sur cette mort suspecte.
 
Groupe UNEM-Fès : Ce sont 31 étudiant(e)s, militant(e)s de l’UNEM-Fès, qui ont été arrêté(e)s et présenté(e)s le 29 mars 2014 au procureur du roi près du tribunal de 1ère instance de Fès. Ces arrestations sont survenues après l’intervention violente des forces de l’ordre au sein du campus universitaire Dhar El-Mahraz pour disperser une occupation de nuit qu’observaient les étudiants pour réclamer l’amélioration des conditions d’étude.
Ils ont été présentés le 30 mars au juge d’instruction qui a décidé de poursuivre 11 parmi eux en état d’arrestation et les 20 autres en liberté provisoire. Le procès des 11 a été fixé au lundi 31 mars et il a été reporté par la suite au 7 avril, puis au 14 avril. Il s’agit de : Adil Abioui, Bouchta Janati, Abderrahim Baraka, Abdelfattah Meskine, Mustapha Bakrati, Brahim Saâou, Mohamed Nadi, Jalil Chahid, Khalil Karbaoui, Mehdi Chhiti, Hakim Hachimi. Ils se trouvent actuellement à la prison locale Ain Kadous.
Le procès des 20 autres, libérés provisoirement, a été, lui, fixé au 15 avril 2014.
Toujours à Fès, l’ancien prisonnier politique, membre de l’UNEM-Fès, Mohamed Ait Rais, a été arrêté de nouveau le 1er avril 2014. C’est la troisième fois en deux ans qu’il est arrêté et  traduit devant un tribunal. En 2012 et 2013, il avait déjà écopé de deux peines d’emprisonnement et l’ASDHOM l’avait proposé au parrainage. Ce sont donc 12 militants au total qui attendent leur procès du 15 avril à la prison Ain Kadous de Fès. Pour réclamer leur libération et dénoncer ce procès, ils ont observé deux grèves de la faim, une de 48h le 5 avril et une autre de 96h à partir du 10 avril.

Groupe UNEM-Taza : À Taza, non loin de Fès, c’est autour de la militante de l’UNEM-Taza, Saida Bouzafour, d’être arrêtée le 1er avril. Le juge a décidé de la poursuivre en état de liberté provisoire.

Groupe 20-Février à Casablanca : Les trois grandes centrales syndicales au Maroc avaient appelé à manifester le dimanche 6 avril à Casablanca. Des militants du mouvement 20-Février se sont joints à cette manifestation. Les forces de l’ordre sont alors intervenues avec violence pour isoler ces militants et ont procédé à des arrestations parmi eux. 11 militants du 20-Février ont été présentés le 8 avril 2014 devant le tribunal de 1ère instance de Casablanca. Leur procès a été reporté au 15 avril. 9 parmi eux (Hamza Haddi, Youssef Bouhlal, Ghani Zaâmoun, Ayoub Boudad, Hakim Sarroukh, Mohamed Harrak, Abdellatif Sarsari, Mustapha Aârass, Hamid Alla) ont été placés de détention à la prison Oukacha et les deux autres (Amine Kabbabi, Fouad El-Baz) sont poursuivis en liberté provisoire. Parmi les militants arrêtés se trouvent d’anciens prisonniers politiques que l’ASDHOM a parrainés.
L’ASDHOM réclame leur libération et demande aux trois syndicats qui ont organisé cette manifestation, qui n’avait rien d’illégal, d’intervenir avec force auprès des responsables marocains pour exiger cette libération immédiate. Ces arrestations condamnables constituent une atteinte flagrante au droit de manifestation.

Groupe Sahraouis-Ait Melloul : Les quatre défenseurs des droits de l’Homme sahraouis, Sidi Sbai, Hafed Toubali, Bachir Bouâmoud et Mohamed Jemour, qui avaient été arrêtés le 11 février à Ifni, condamnés en 1ère instance à Tiznit à des peines de 4 et 6 mois de prison ferme et transférés à la prison d’Ait Melloul pour attendre leur procès en appel au tribunal d’Agadir, ont arrêté le 2 avril leur grève de la faim, entamée le 24 mars dernier, après avoir reçu la visite d’un vice-procureur du roi qui a promis d’accéder à leur doléances. Ils réclamaient un procès en appel rapide et l’amélioration de leurs conditions de détention et notamment la séparation des prisonniers de droit commun. Le lendemain et d’une manière expéditive, la Cour d’appel d’Agadir a reporté leur procès au 10 avril 2014 avant même que les 4 détenus n’arrivent en salle. Aux abords du tribunal, les forces de l’ordre ont procédé en même temps à la dispersion violente causant des blessés parmi les familles et les organisations qui sont venues les soutenir. Ce procès va être reporté une deuxième fois au 17 avril 2014.
Le 3 avril, c’était au tour de deux autres prisonniers politiques sahraouis d’être jugés pour un dossier qui remonte à septembre 2013 en lien avec les événements d’Assa après le démantèlement du campement Tizimi qui ont conduit à al mort du jeune Rachid Echine. Boujamâ Izza (27 ans), arrêté le 4 octobre 2013, a été condamné à deux ans de prison ferme. Quant à Hassan Chouiar(32 ans), arrêté le 1er octobre 2013 à Assa pour les mêmes raisons, a été condamné à un an de prison ferme.
Au même moment, un autre prisonnier politique sahraoui, Abdallah Boukayoud, a vu son procès reporter par le même tribunal sans lui fixer de date.
Le 10 avril, cette fois-ci, c’est le jeune mineur Hamza Tamek, qui a été condamné après plusieurs reports à un an de prison ferme.
 
Groupe Ouarzazate-Microcrédit : En soutien aux femmes marocaines en lutte contre les dérives du microcrédit et aux deux militant(e)s condamné(e)s, Amina Mourad et Bennacer Ismaïni, Attac/Cadtm Maroc et l’Association populaire pour le développement social organisent du 24 au 27 avril une caravane internationale de solidarité. Elle partira de Ouarzazate à la vallée du Ziz, faisant étape dans les vallées du Draa et du Dades – des zones de forte concentration des victimes du microcrédit.

Le bureau exécutif de l’ASDHOM
Paris, le 11 avril 2014

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