L’Association Marocaine des Droits Humains-Paris/Ile-de-France exprime son inquiétude face à l’escalade de la violence de l’Etat marocain contre les organisations et les activistes des droits humains.
Rappelons quelques faits :
- Le 15 juillet 2014, le ministre de l’intérieur s’est mis à dénigrer le mouvement des droits humains. L’AMDH est en tête des associations visées par le ministre.
- Suite à ces déclarations, une série d’activités programmées par l’AMDH pour les mois de juillet/août, notamment des conférences, des sit-in et des colonies de vacances ont été interdites par les autorités marocaines (voir le précédent communiqué : http://amdhparis.org/
wordpress/?p=1458. - Le 22 juillet, le recours de l’association « Freedom Now » est rejeté par le tribunal administratif de Rabat. L’enregistrement de l’association a été refusé, abusivement, par les autorités. L’association s’est fixé comme objectif la défense de la liberté d’opinion et de presse.
- Le 26 juillet dernier, Oussama Hosni, 22 ans, militant du Mouvement du 20 Février et de l’AMDH, a été condamné à 3 ans de prison ferme et à 100 milles dirhams d’amende de dommages et intérêts à verser à la police marocaine pour « déclarations mensongères. »
- Le 31 juillet, refus des autorités de recevoir le dossier de déclaration de l’Union Marocaine du Travail-Tendance Démocratique.
- Le 4 août, la première séance du procès de Hamid Mehdaoui, fondateur du site d’information Badil.info, est tenue. Il est visé par une plainte de la Direction Générale de la Sûreté Nationale qui réclame sa suspension d’exercer le métier de journaliste pendant 10 ans et une amende de 25 000 Dirhams. Ce qui est reproché à ce journaliste est notamment la couverture de l’affaire de Karim Lachkar, mort sous la torture policière.
- Le 11 août, arrestation arbitraire de Michèle Decaster, activiste des droits humains et secrétaire générale de l’AFASPA, lors d’un rassemblement organisé devant le tribunal de première instance de Tanger alors qu’elle était là comme observatrice internationale du déroulement du jugement de Wafaa Charaf et Boubkar El Khamlichi.
- Le 12 août, Wafaâ Charaf, 26 ans, militante de l’AMDH et du Mouvement du 20 Février, a été condamnée à un an de prison ferme et 1000 Dirhams d’amende ainsi que 50 milles dirhams qu’elle devra verser à la police marocaine pour « dénonciation calomnieuse » (Communiqué d’Amnesty International demandant sa libération : http://www.amnesty.org/fr/for-
media/press-releases/morocco- activists-jailed-reporting- torture-must-be-released- immediately-201.) - Le 13 août, décès de Mustapha Meziani, 31 ans, militant du syndicat étudiant de l’Union Nationale des Etudiants Marocains (UNEM), suite à une grève de la faim qui a duré 72 jours. Malgré les avertissements urgents de l’AMDH et d’autres organisations à la situation de Mustapha Meziani, les autorités n’ont pas voulu réagir.
Le pouvoir en place se déchaîne, dans une politique de représailles contre les militant(e)s du Mouvement du 20 Février et toutes les forces syndicales, politiques et associatives qui réclament la liberté, l’égalité, la dignité et la justice sociale et dénoncent les violations des droits humains. Il vise à faire taire toutes les voix discordantes. La solution qu’il a trouvée pour faire disparaitre la torture systématique que connaît le Maroc, est de museler les victimes de torture et les associations qui les soutiennent. Au lieu de répondre aux dizaines d’accusations de torture, il emprisonne les victimes. Au lieu de juger les tortionnaires, il s’attaque à celles et ceux qui se battent contre la torture.
A travers ce communiqué, nous :
- Dénonçons l’escalade de la violence des autorités marocaines à l’encontre des activistes des droits humains, des militant(e)s politiques, syndicaux et du mouvement 20 Février.
- Condamnons la nouvelle tactique des autorités marocaines face aux accusations de torture, qui consistent à criminaliser les victimes au lieu de juger les tortionnaires. La déclaration du ministre de la justice Mustapha Ramid, du 11 juin 2014, annonçant des poursuites « en cas de dénonciation d’infractions inexistantes » était annonciatrice des poursuites contre les personnes victimes de torture.
- Exigeons l’arrêt des poursuites judiciaires et des intimidations qui visent les militant(e)s des organisations de droits humains, à leur tête l’AMDH. Ces intimidations s’accompagnent de mensonges véhiculés par une partie de la presse et de hauts responsables politiques.
- Alertons l’opinion publique, nationale et internationale, sur la recrudescence de la répression qui s’abat sur les organisations et les militants des droits humains et des organisations politiques, du Mouvement du 20 Février et des syndicalistes.
- Nous appelons les forces vives du pays et les organisations de défense des droits humains en France et ailleurs à agir pour que l’Etat marocain cesse ces violations et intimidations.
Le Bureau de l’AMDH-Paris/Ile-de-France
A Paris, le 21 août 2014.
Contact :
Tél : 06 18 66 15 58