COMMUNIQUE: Répression d’une manifestation pacifique protestant contre l’énorme budget de la monarchie marocaine
L’article 29 de l’actuelle constitution énonce que « Sont garanties les libertés de réunion, de rassemblement, de manifestation pacifique, d’association et d’appartenance syndicale et politique ».
Au vu du traitement infligé aux manifestants pacifiques qui se sont réunis l’après-midi du vendredi 18 novembre à Rabat, nous ne pouvons que constater une fois de plus la violation flagrante des dispositions constitutionnelles par l’Etat marocain.
En effet, le sit-in qui était prévu à l’appel du mouvement du 20 février aux fins de protester contre l’énorme budget royal a été violemment dispersé. Le budget royal mis en cause coûte au contribuable marocain 236 millions d’euros annuellement, soit quotidiennement 700 000 €.
Les citoyens ayant participé au sit-in ont été au mieux chassés manu militari de la place Mohamed V -devant le parlement marocain- au pire tabassés sans vergogne par les forces de police.
Il est à rappeler qu’un sit-in, ne gênant pas la circulation, n’a aucunement besoin d’une autorisation.
Nous ne pouvons donc que constater que les libertés de réunion, d’expression et de rassemblement prévus par la loi fondamentale censée accompagner le Maroc dans sa « transition démocratique » restent des vœux pieux émis par les rédacteurs de ladite loi.
Les militants de l’AMDH sur place ont souligné la forte charge symbolique spatiale représentée par la répression devant le parlement –enceinte des représentants de la nation.
Ils ont également souligné une autre forte charge symbolique, d’ordre temporel : la répression eut lieu le 18 novembre, jour anniversaire de l’indépendance du Maroc.
Force donc est de constater que 57 ans après son indépendance formelle, 13 ans après la dernière succession dynastique, et plus de 1 an après le déclenchement du mouvement social et démocratique du 20 février, l’Etat marocain n’a toujours pas permis à ces citoyens de se réapproprier l’espace public ; leur espace public.
En effet, celui-ci demeure totalement verrouillé, preuve s’il en est les images vidéos des manifestations. Ces images montrent que même face à une dizaine de manifestants pacifiques assis à même le sol, les forces répressives ne savent réagir autrement que par l’agression et la brutalité orchestrées par un impressionnant déploiement policier.
Ces mêmes images montrent aussi un autre aspect de la politique policière répressive : la peur de réprimer devant les caméras des journalistes quand elles sont présentes, à fortiori ceux travaillant pour des médias occidentaux. Cela dénote du peu de considération que les tenants de la politique sécuritaire ont vis-à-vis de leurs citoyens, à contrario de celle qu’ils ont vis-à-vis des étrangers. Belle ironie du sort s’il en est en ce jour, 57e anniversaire de l’indépendance du Maroc ! L’Etat marocain se doit de traiter ces citoyens avec respect et leur rendre toute la dignité qu’ils méritent, et non rester guidé par des impératifs d’image à destination de la France ou des institutions européennes !
Parmi les nombreuses personnes agressées figurent Khadija Ryadi, présidente de l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) et Abdelhamid Amine, vice-président de l’AMDH et membre du secrétariat national de l’UMT, la plus grande centrale syndicale au Maroc. Un certain nombre de militants du 20 février furent également brutalisés et menacés physiquement et verbalement.
Nous leur souhaitons à toutes et à tous un prompt rétablissement.
Paris, le 19 novembre 2012
AMDH section Paris/IDF