Communiqué à l’occasion de la Journée Internationale de l’étudiant 17 Novembre 2012

L’Association Marocaine des Droits Humains fête le 17 novembre 2012, le 61ème anniversaire de la journée internationale de l’étudiant qui a été mise en place en 1941 par le Mouvement  International des étudiants. Et ce pour commémorer la liquidation collective des étudiants à Prague (Capitale de la Tchécoslovaquie auparavant) par les forces coloniales nazies qui s’est mise contre les manifestations des étudiants luttant contre la colonisation. L’étudiant militant John Oplatil trouva la mort lors de la manifestation du 13 novembre 1939. Cela a conduit à l’augmentation des protestations étudiantes et a obligé le pouvoir colonialiste nazis à fermer les institutions et les établissements d’enseignements supérieurs. Le pouvoir nazi a continué les arrestations et les assassinats lors desquels 9 détenu(e)s ont été exécuté. Nous n’oublierons jamais les 1200 étudiants déportés dans les camps de concentration nazis pour y être exécutés collectivement le 17 novembre 1939.

Nous commémorons cette journée annuelle du 17 novembre dans des conditions marquées par un mouvement politique et sociale dans la région arabe et maghrébine. Ce mouvement a conduit à la chute des symboles de la tyrannie dans certains pays. De même que plusieurs pays européens comme la Grèce l’Espagne et le Portugal connaissent actuellement des manifestations populaires contre les politiques économiques néolibérales sauvages et contre la hausse du taux de chômage, ainsi qu’en opposition à la marginalisation croissante due aux politiques d’austérité. Ces évènements ont révélé au grand jour d’énormes potentiels chez les jeunes et leur capacité à faire avancer les choses. Le Maroc, n’a pas échappé à ce combat dynamique puisque les jeunes sont sortis dans des manifestations pacifiques pour appeler à la chute de la tyrannie et à la fin de la corruption, ainsi que pour la liberté, l’égalité, la dignité et la justice sociale. Et malgré les campagnes de répression et de diffamation, malgré le blocus de l’information, les procès montés de toute pièce et les tentatives de mettre fin au droit d’expression et de manifestation pacifique, le Mouvement du 20 Février et les étudiants qui en font partie résistent depuis plus d’un an et demi ! Ils défient les machines de répression de l’Etat. Cette jeunesse étudiante montre que la jeunesse marocaine est capable de continuer à combattre et à s’intéresser à la politique noble qui vise la mise en place d’une démocratie dans tous les sens du terme.

Cette année, l’AMDH commémore la Journée Internationale de l’Etudiant. Cet anniversaire arrive en pleine répression gouvernementale dont l’objectif est d’imposer un blocus et une militarisation à l’intérieur des universités. Cette répression de la part du gouvernement essaie de terroriser les étudiants et de mettre fin à toute forme de protestation. En effet, l’Etat prépare le terrain afin d’appliquer la privatisation. Le gouvernement vise à Makhzenniser l’université pour cacher l’échec du système éducatif et la faiblesse des infrastructures. Sans parler des sur-effectifs, du manque d’encadrement et des violations continues du droit économique et social de l’étudiant.

L’entrée universitaire en cours est le lieu de plusieurs tensions suspectes visant à provoquer des affrontements isolés pour cacher les vrais problèmes de l’université. Et ainsi créer des illusions qui éloignent la lutte syndicale universitaire de sa lutte pour un enseignement démocratique scientifique et populaire.

Le Bureau Central évoque avec fierté le rôle pionnier du mouvement universitaire dans la mise en place des infrastructures essentielles pour le mouvement pour les droits qui s’est concrétisé par la création en 1972 d’un comité contre la répression au Maroc. L’Union Nationale des Etudiants Marocains a participé à ce comité. Le Bureau Central déclare ce qui suit :

Félicite à voix haute les sacrifices importants du mouvement étudiant pour la dignité, la liberté, l’égalité, la démocratie, la justice sociale et le progrès.

Confirme que l’Association continue de défendre le droit des étudiants à exprimer et à défendre leurs revendications justes. Surtout leurs droits syndicaux dans le cadre de leur organisation l’UNEM.

L’Association renouvelle son soutien aux victimes de la répression Makhzaniènne qui vise le mouvement étudiant. Cette répression menace les étudiants par des procès montés en toute pièce. Elle réprime les étudiants à l’intérieur des universités, ce qui représente une violation grave du principe simple de démocratie et de droit de l’homme. A leur tête le droit de s’organiser et de s’exprimer.

Demande la libération de tous les étudiants détenus à cause de leur activité syndicale et politique. Et parmi eux les étudiants militant dans le Mouvement du 20 février.

Affirme l’implication effective et large du mouvement étudiant dans les luttes du Mouvement du 20 février. Ce qui impulsera à ce mouvement populaire un élan fort et participera à développer le Mouvement du 20 février et le mouvement étudiant.

Demande à l’Etat de respecter l’indépendance et l’inviolabilité de l’université en levant l’embargo qui la vise et en arrêtant toutes les poursuites contre les militants syndicaux et politiques.

Renouvelle sa demande de garantir l’égalité d’accès à l’éducation supérieure pour tous et de fournir les infrastructures et les ressources indispensables à cela. Pour que l’université marocaine devienne un lieu de diffusion de la connaissance, de formation, de créativité et de discussion démocratique. Elle pourra ainsi jouer un rôle réel dans la construction de la société pluraliste et tolérante et diffuser les principes humanistes éclairés.

Affirme son refus de l’approche sécuritaire des problèmes de l’université dont l’objectif est de cacher l’impuissance manifeste à gérer l’éducation. Il affirme la nécessité d’impliquer les constituants de l’université et parmi eux les étudiants. Et ce pour mettre en place des approches et des politiques  qui répondent aux ambitions des masses populaires en une éducation scientifique de qualité.

Condamne la mise à bas des droits économiques, sociaux et culturels des étudiants. Et insiste sur l’importance de répondre à leurs revendications pédagogiques, démocratiques et financières.

Condamne et refuse fermement la violence entre les différents éléments à l’intérieur de l’université. Il met en garde contre la possibilité que ces conflits soient utilisés par l’Etat pour imposer un blocus à l’intérieur de l’université. Il appelle tous les éléments politiques à rejeter la violence et à se baser sur des outils de dialogue pour réparer les désaccords.

Enfin il demande à l’Etat Marocain de reconnaître l’échec de sa politique éducative et à provoquer un changement radical constructif basé sur les normes internationales en terme de droit de l’homme. Ce qui implique le droit des étudiants et des étudiantes à accéder à l’éducation supérieure sans discrimination. Et qui protège leurs droits politiques, syndicaux, civils, économiques, sociaux et culturels.

Le Bureau Central

Le 8 novembre 2012

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