Association Marocaine des Droits Humains

Section LAAYOUN, Sahara

Le retour des enlèvements et des arrestations pendant la nuit est l’une des manifestions des régressions des violations des droits humains au Sahara. Les forces de l’ordre à Laayoun propagent le discours du ministre de l’intérieur marocain et manipulent les médias officiels et non officiels.

Les médias officiels et non officiels mènent une campagne d’incitation contre les citoyens Sahraouis qui ont participé aux marches et aux manifestations pacifiques au Sahara depuis le 25 avril 2013. Cette campagne d’incitation vise également l’Association Marocaine des droits Humains en général et particulièrement ses sections au Sahara et à Sidi Ifni. Ainsi, le ministre de l’intérieur a tenu au Parlement des propos contre les citoyens Saharaouis en les traitant des pires expressions. Le tout en légitimant les répressions et violations graves des droits humains dont les Saharaouis sont victimes.

Effectivement la réponse des forces de l’ordre à Laayoun n’a pas tardé. Dès les premières heures du jeudi 9 mai 2013, alors qu’il faisait encore nuit, il y a eu une série de violations des droits humains perpétrées par les appareils de sécurité à Laayoun. Les victimes étaient les citoyens ayant participé aux récentes marches et manifestations pacifiques de la ville de Laayoun. Les forces de sécurité visaient également les maisons et les propriétés de ces citoyens.

Ainsi, la section de l’Amdh Layoun note :

Les forces de sécurité ont violenté la maison de la famille du membre du bureau de l’Amdh section Layoun, le camarade Mourad Laatiq. Cela a eu lieu à six heures du matin en violation de tous les droits garantissant la sainteté de l’habitat et la sécurité de ses habitants. Et ce de façon sauvage démontrant la crise de l’abandon et l’inexistence de lois, Mourad Laatiq et sa famille ont été surpris par plus de 15 membres de la sécurité essayant d’escalader le toit de la maison voisine pour atteindre son toit. Mais les habitants de la maison voisine les en ont empêché. Les forces de sécurité ont alors tenté à nouveau de pénétrer dans la maison de Mourad Laatiq en accompagnant cela d’insultes très insolentes. Après avoir ouvert la porte de la maison, les forces de sécurité sont entrées dans la maison en prétendant chercher une personne recherchée et sans donner aucune autorisation judiciaire. Ils ont alors commencé à fouiller la maison sans respecter les occupants, de terroriser dans la maison. Et lorsqu’ils n’ont trouvé personne, ils ont menacé le membre du bureau de l’Amdh de l’accuser de protéger un criminel et de ne pas le déclarer. Mourad Laatiq a refusé cela et les forces de sécurité se sont mises à l’insulter de tous les propos et d’une façon qui montre qu’ils n’ont peur d’aucune poursuite ou enquête.

Enlèvement d’un mineur : Abah el Hassine lycéen de 17 ans. Sa mère el Mekky Mimouna a déclaré à la section de l’amdh à Laayoun : « Nous avons été surpris à 5 heures du matin ce jeudi 9 avril 2013 par des bruits près de la maison et par des tentatives de forcer la porte de notre maison par un groupe de personnes. Alors qu’on se demandait qui frappait à la porte, quelqu’un nous a répondu qu’il s’agit des éléments de la police qui cherchent un criminel fugitif qui s’est introduit dans notre maison par le toit. Je me suis alors interrogée sur le fait que cette heure matinale n’autorise pas la police habituellement à venir alors qu’il fait encore nuit. Ils m’ont alors répondu que si je ne leur ouvre pas la porte ils l’ouvriront par la force. Et effectivement ils ont tenté de forcer la porte. Je leur ai alors expliqué que mon mari travaille comme infirmier et qu’il n’est pas à la maison. A ce moment là ils ont annoncé le nom complet de mon mari en m’expliquant qu’ils connaissent bien sa maison et sont au courant de la nature de ses activités. Après une nouvelle menace de défoncer la porte, je leur ai ouvert la porte et je fus surprise pas la présence de plus de 20 éléments qui entrent dans la maison en prenant en photo l’intérieur de la maison. Un autre groupe s’est dirigé vers la chambre de mon fils mineur Abah el Hassine qui dormait profondément. Ils l’ont réveillé par la force et l’ont menotté. Ils ne lui ont pas laissé le temps de s’habiller et l’ont amené à un endroit inconnu sans me dire où ils vont. Lorsque je l’ai cherché à la préfecture de police à Laayoun, ils ont nié avoir arrêté mon fils et ont nié sa présence chez eux. D’autres femmes dont les enfants avaient été enlevés se sont regroupés pour demandé des informations sur leurs enfants. Notre groupe de femmes a été expulsé par la force de la préfecture de sécurité de Laayoun et nous avons été insultées. »

La maison du citoyen Ahmad Tirech dans le quartier de Beni Inâche a été forcée par la police à six heures du matin. Sa maison a été fouillée et ses habitants violentés sous prétexte qu’on y cherchait un fugitif recherché.

Enlèvement du jeune Mohamed Ali Essaïdi, étudiant de 26 ans, à 5 heures et demi du matin après avoir forcé la maison de sa famille par plus de 15 éléments des forces de la sécurité.

La maison du citoyen Hadad Mostapha dans le quartier Nahda a été fouillée pour la recherche de son fils Hadad Mahmoud (ancien détenu politique Sahraoui).

Tentative d’arrestation d’un groupe d’anciens détenus politiques après avoir forcé les maisons de leurs familles. Il s’agit de Bachir Yaya, Abay abd Aziz, Lebrass Mostapha.

Arrestation du jeune Yassine Sidati, 22 ans, de la maison de sa famille au quartier Amarat à six heures du matin.

La section de l’Amdh à Laayoun suit ces développements dangereux qui alertent sur la détérioration des droits humains à travers l’entêtement des pouvoirs administratifs et sécuritaires à continuer à adopter une approche sécuritaire étroite. Il note :

  • Que cette campagne d’enlèvements vient dans la ligne droite de l’incitation directe exercée par le ministre de l’intérieur marocain dans son traitement des mouvements et contestations et manifestations et marches pacifiques dans les villes du Sahara dans le cadre des interactions et des développements du dossier du conflit autour du Sahara.

  • Que cette campagne d’enlèvements est une procédure arbitraire, illégale et fait partie des violations graves des droits humains car elles ont lieu hors des horaires autorisés (la majorité des arrestations ont eu lieu de 5 à 7heures du matin). De même qu’elles ont eu lieu par un grand groupe des forces de sécurité dont certaines ne sont pas autorisées à effectuer des contrôles et des arrestations. De plus, ils n’ont pas respecté les règles lors des arrestations comme cela est fixé dans les chartes et accords internationaux et comme c’est la loi au Maroc.

  • Cette campagne d’arrestations et d’enlèvements arbitraire vient comme une revanche pour limiter les mouvements de protestation qu’a connu la région du Sahara et liées aux développements du conflit autour du Sahara. Et ce, après l’échec de toutes les approches sécuritaires suivis par les forces sécuritaires et administratives dans la région pour chasser tout forme de contestation.

  • La section de l’Amdh à Laayoun rappelle ses précédentes mise en alerte à propos de la détérioration des droits humains à cause des forces publiques à Laayoun qui commettent des violations des droits humains en l’absence d’enquêtes et de poursuites légales qui auraient visé à punir ceux qui commettent ces violations. Lors du Congrès de l’Amdh, la section de l’Amdh Laayoun avait dénoncé les déclarations tendancieuses et provocatrices tenues par le ministre de l’intérieur à l’égard des sections de l’Amdh au Sahara et à Sidi Ifni :

  • Dénonce les déclarations tendancieuses et provocatrices du ministre de l’intérieur à l’égard de l’Association Marocaine des Droits Humains et la campagne médiatique contre les citoyens Saharaouis et contre l’Amdh.

  • Rappelle sa demande à stopper l’embargo sécuritaire et médiatique sur la région du Sahara et la nécessité de mettre en place un appareil sécuritaire contrôlé et de tenir un rapport sur la situation des droits humains au Sahara.

  • Demande la libération immédiate des personnes enlevées et arrêtées victimes des campagnes d’enlèvement et d’arrestations arbitraires et sauvages au matin du jeudi 9 mai 2013.

  • Demande la libération de tout-e-s les détenu-e-s politiques dont les détenus de Gdim Izik et en finir avec le phénomène de l’emprisonnement politique.

  • Demande l’ouverture d’une enquête impartiale et transparente et neutre à propos des violations commises par les forces publiques à Laayoune depuis le 25 avril 2013 contre les citoyens et leurs propriétés.

  • Demande d’enquêter sur toutes les personnes impliquées dans les violations des droits humains quelles que soient leur statut et leur position hiérarchique au pouvoir et dans la sécurité. Et ce dans le cadre de la justice indépendante, impartiale et juste. Et dans la mise en application de l’égalité de tous devant la loi et la justice et loin de l’immunité des employés de la sécurité ou hommes de pouvoir qui échappent à la justice.

  • L’arrêt de toutes les campagnes d’incitation et de racisme et du chauvinisme meurtrier menées par les médias officiels et quelques moyens de presse contre les Saharouis qui participent aux manifestations et aux marches pacifiques dans les villes du Sahara depuis le 25 avril 2013.

  • L’Etat marocain porte la responsabilité des violations des droits humains et de la détérioration des droits humains dans la région du Sahara.

  • Nous rappelons que l’Etat Marocain a signé des accords qui le rendent responsable de la protection des activistes de droits humains au Sahara et parmi eux les membres des sections de l’Amdh qui souffrent de multiples violations de la part des forces de sécurité et de la part des responsables du Pouvoir Marocain. Dans ce cadre nous rappelons les réalités suivantes qui ont touché les membres de l’Association Marocaine des Droits Humains :

  • Encerclement et attaque de la maison du membre de l’Amdh-Laayoun, el Arabi Massoûd et la tentative de forcer sa maison par les forces de sécurité la nuit du samedi 4 mai 2013. Les forces de sécurité avaient jeté des pierres sur sa maison et tenté d’attaquer l’activiste Sahraouie des droits humains Amentou Hider et cassé les fenêtres de sa voiture. Le membre du bureau de l’Amdh Laayoun, Doudi Fadili, et Lidri Hassin, Hamid Mahmoud, Lekhel Mohamed Salim ont été encerclés alors qu’ils se trouvaient en compagnie d’un cortège médiatique de femmes américaines et britanniques et canadien venu visiter la ville de Laayoun.

  • Agression physique et verbale contre les membres du bureau de l’Amdh-Laayoun, Salim Atouif et Jamour Mohamed par la police civile sous le regard du Pacha de la ville de Laayoun et de l’officier de police Nabil Leouina.

  • Tentative d’enlèvement et d’agression contre le membre du bureau de la section de l’Amdh Laayoun, Aziz Jaâri, de la part d’éléments liés à la police de Laayoun le soir du samedi 3 mai 2013.

  • La maison du membre du bureau Amdh Laayoun, Mourat Atiq, a été forcée et il a été insulté par des éléments de la police liés à la police judiciaire à Laayoun le matin du jeudi 9 mai 2013.

Remarque : La liste ci-dessus des personnes arrêtées et enlevés se limite aux cas où les familles ont contacté la section Amdh-Laayoun ou pour les cas dont la section Laayoun dispose d’informations et d’éléments précis.

Donc, il faut rappeler que le nombre d’enlèvements et d’arrestations arbitraires qui ont touchés la majorité des participants aux récentes manifestations et marches pacifiques de la ville de Laayoun n’est pas encore compté à ce jour. Nous travaillons actuellement à la section Amdh-Laayoun malgré les conditions sécuritaires difficiles pour détailler les éléments concernant plusieurs cas d’enlèvements et d’arrestation arbitraire dont dispose la section Amdh Laayoun.

Laayoun : 10 mai 2013

Bureau Amdh Laayoun

Traduit par l’AMDH-Paris/IDF

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