Monsieur le Maire, Mesdames et messieurs les conseillers, Mes chers amis, Au nom de ma mère, de ma sœur, de mes frères, ses petits-enfants et toute notre famille, je voudrai exprimer notre émotion et notre fierté à l’occasion de l’hommage que la Ville de Gennevilliers rend aujourd’hui à Mehdi Ben Barka. Nos premiers remerciements s’adressent à vous, Monsieur Leclerc et à votre équipe municipale, pour l’importance que vous avez accordée à ce projet et pour votre volonté à le porter jusqu’à sa concrétisation aujourd’hui. Vous serez d’accord avec moi, monsieur le Maire pour que je m’adresse plus particulièrement à votre prédécesseur Monsieur Jacques Bourgoin qui en a été à l’initiative.
Nos remerciements s’adressent également au Conseil municipal de Gennevilliers qui, par ses votes, a associé toute la population à cet hommage. Et, bien entendu, sans oublier les amis de l’Association des travailleurs maghrébins en France ; Abdallah et surtout Saïd Ayari qui a tant fait pour le suivi et l’aboutissement de ce projet qui nous tenait tellement à coeur.
Gennevilliers, ville industrielle et ouvrière, a une longue histoire avec la communauté d’origine marocaine et ses associations : l’AMF dans les années soixante et, ensuite l’ATMF. En tant que fondateur de l’AMF, Mehdi Ben Barka aurait tenu plusieurs réunions à Gennevilliers. Je souhaite associer à cet hommage que vous faites à la mémoire de mon père, celui dû à sa veuve, ma mère, notre mère. Elle a su nous inculquer son courage, son attachement à la transmission des principes et idéaux de notre père. Grâce à elle, nous traversons cette épreuve avec dignité et résolution. Par son exemple, nous sommes plus forts pour poursuivre notre combat contre la raison d’Etat, pour la vérité, pour la mémoire et pour la justice. Cet hommage est aussi pour elle.
Monsieur le Maire, Après plusieurs capitales arabes (Damas, Le Caire, Alger), après Cuba, après le Maroc (Rabat, Casablanca, Marrakech, Oujda), après Paris et Montpellier, Gennevilliers est la troisième commune française à donner le nom de Mehdi Ben Barka à un espace public.
Votre décision qu’une Allée porte le nom de Mehdi Ben Barka est un acte de mémoire et de solidarité. Mais c’est aussi un acte politique d’une forte portée symbolique. Au-delà de la préservation de la mémoire et de l’hommage dû à un combattant de la liberté des peuples et de la démocratie, cette inauguration est porteuse de plusieurs significations. Vous apportez, monsieur le Maire, une grande fierté à la communauté marocaine de France et au peuple marocain en honorant un de ses fils. Cet hommage trouvera également un écho très fort en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ainsi, la ville de Gennevilliers et ses habitants peuvent être fiers d’avoir des rues et des places portant les noms de Jean Jaurès, Salvador Allende, Missak Manouchian, Mehdi Ben Barka et d’autres figures de la lutte sociale et politique pour la justice, la dignité et la démocratie. Non loin de la Place du 17 octobre 1961, nous considérons que cet hommage à la mémoire de Mehdi Ben Barka, victime d’un crime d’Etat, est une condamnation du crime politique et de la raison d’Etat qui s’érige en obstacle face à l’action de la justice, banalisant ainsi l’assassinat politique. Cette Allée, la place à Paris et la rue à Montpellier sont autant de signaux forts lancés à nos dirigeants politiques pour exiger avec force
– Que toute la vérité soit faite sur le sort de Mehdi Ben Barka
– Que sa sépulture soit connue
– Que toutes les responsabilités soient établies, à quelque niveau se situent-elles.
Grâce à vous, grâce à toutes celles et tous ceux qui sont à nos côtés depuis bientôt cinquante ans, je suis convaincu que notre combat aboutira. Cette belle allée, lieu de promenade des gennevillois, sera également, à partir d’aujourd’hui, un lieu de mémoire et d’histoire.
Gennevilliers le 28 octobre 2014
Bachir Ben Barka